Les derniers Blancs Matignon de Guadeloupe

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Derrière ce titre qui semble désigner une partie de l’élément blanc de la population de l’île, Michel Reinette et Mariette Monpierre ont voulu raconter une aventure humaine engendrée par l’époque coloniale aux Antilles, et en Guadeloupe en particulier.

Il faut se rendre à une quarantaine de kilomètres de Pointe-à-Pitre, dans la campagne du Moule, la ville côtière du nord-est de la Grande-Terre, pour arriver dans les Grands Fonds.

Là vivent en parfaite discrétion, des Guadeloupéens qui ne passent pourtant pas inaperçus…
On les appelle, les Blancs Matignon.
Et leur histoire est unique.

Ces anciens colons, appelés Petits Blancs comme pour les distinguer des békés, les Blancs-pays réputés plus fortunés,
ont fait souche dans cette enclave, depuis la fin du 18e siècle, après la première abolition de l’esclavage en Guadeloupe en 1794.

Jusque dans les années 60, cette communauté s’était claquemurée dans un isolat notoire, à la fois par esprit d’altérité mais aussi pour se préserver.
En quelque sorte, un îlot de notoriété blanc, dans un monde de Noirs.
Ce comportement a eu comme corollaire une évidente endogamie stigmatisée par la dénonciation – notamment par les guides touristiques et une certaine littérature – d’une consanguinité pénalisante.

Nous pénétrons dans les lieux avec le concours de deux personnages dont le récit personnel passe par le continuum des Blancs Matignon : Jocelyn Akwaba Matignon l’artiste-peintre dont la mère est issue de ladite communauté et dont le père était un homme noir de Pointe-à-Pitre, mais aussi Estelle-Sarah Bulle l’écrivaine qui, dans son roman « Là où les chiens aboient par la queue » évoque les Grands Fonds et sa grand-mère Estelle-Eulalie dont les rhizomes sont dans la région.

Pour montrer comment les hérésies de l’histoire peuvent devenir solubles dans l’idée d’un devenir commun, sans sophisme et se défendant d’avoir jamais été intrusifs, les réalisateurs ont donné la parole aux Blancs Matignon des Grands Fonds du Moule.

Là-bas, au hasard d’une rencontre, on vous indiquera aimablement votre chemin,
mais n’allez chercher à savoir combien ils sont…
Personne ne se risquerait à un chiffre car le métissage que l’on y voit désormais,
et la volonté de se fondre dans le moule du pays,
vous feront entendre que vous êtes en présence des DERNIERS BLANCS MATIGNON de la Guadeloupe.